La Dépêche 20 décembre 2000
RODEZ (12) : FreeGo, fugue en rêves majeurs
La companie ruthénoise, AmalgamA, propose, sous la direction de Dominique Jean et Olivier Douzou, une création demain et vendredi à la MJC de Rodez. L'une est connue à Rodez comme professeur de danse; l'autre s'identifie d'abord aux livres, les éditions du Rouergue, dont il dirige la collection pour la jeunesse; quant au dernier, Philippe Segonds, il a longtemps fait le clown au sens littéral du terme puisqu'il y a peu, il animait encore les ateliers de l'école du cirque de Rodez.
Jusqu'au jour où tous trois ont décidé de fusionner leurs enthousiasmes pour une nouvelle expérience. C'est ainsi qu'est né « FreeGo ».
Terpsichore, du nom de la muse de la danse, est l'association qu'anime Dominique Jean. Avec sa compagnie AmalgamA, forte de dix- huit danseuses, elle s'est déjà plusieurs fois produite sur différentes scènes du département et notamment au bénéfice d'Amnesty International avec une création précédente, « Les Elles du mythe ». Et c'est après avoir vu une représentation de la troupe qu'Olivier Douzou proposa un scénario.
C'est l'histoire d'un improbable M. Starter, doux rêveur qui se heurte à un monde trop cruel. Ce personnage quasi lunaire, est incarné par Philippe Segonds. Celui-ci réussit un pari qui n'était pas gagné d'avance de passer d'un art essentiellement solitaire, le numéro de cirque, à une chorégraphie de groupe. Autour de son personnage, s'animent avec beaucoup d'humour et d'invention les utopies et les chimères personnalisées par les jeunes danseuses. Cette allégorie sur la liberté qui se conquiert peu à peu se traduit « par une progression subtile, tant dans les couleurs des costumes qui progressent tout au long du spectacle pour tendre vers l'épuré d'un costume noir », comme le précise Pascale Trébosc, la costumière, qui a réellement fait des prodiges. Toute l'intelligence des différents tableaux est de nous amener progressivement à nous interroger sur une question centrale: l'art est-il aussi indispensable et vital aux êtres humains pour vivre et avancer que ce qu'ils trouvent dans leurs réfrigérateurs (d'où le titre)? Ce passage du mouvement saccadé des automates vers la spontanéité est rendu par une chorégraphie très ingénieuse.
On sort de ce spectacle protéiforme convaincu de la justesse du propos et la tête pleine d'images fortes et riches d'émotions. Et on se plaît à rêver de ce monde à construire où il ne serait plus utopique de mener de pair ce combat ultime pour réconcilier deux exigences indispensables: celle du plaisir et de la nécessité. Ce spectacle ambitieux est une réussite.
A la MJC de Rodez, jeudi 21 et vendredi 22 décembre, à 20 h 45.
J. J.
Publié le 20 décembre 2000 à 00h00
RODEZ (12) : FreeGo, fugue en rêves majeurs
La companie ruthénoise, AmalgamA, propose, sous la direction de Dominique Jean et Olivier Douzou, une création demain et vendredi à la MJC de Rodez. L'une est connue à Rodez comme professeur de danse; l'autre s'identifie d'abord aux livres, les éditions du Rouergue, dont il dirige la collection pour la jeunesse; quant au dernier, Philippe Segonds, il a longtemps fait le clown au sens littéral du terme puisqu'il y a peu, il animait encore les ateliers de l'école du cirque de Rodez.
Jusqu'au jour où tous trois ont décidé de fusionner leurs enthousiasmes pour une nouvelle expérience. C'est ainsi qu'est né « FreeGo ».
Terpsichore, du nom de la muse de la danse, est l'association qu'anime Dominique Jean. Avec sa compagnie AmalgamA, forte de dix- huit danseuses, elle s'est déjà plusieurs fois produite sur différentes scènes du département et notamment au bénéfice d'Amnesty International avec une création précédente, « Les Elles du mythe ». Et c'est après avoir vu une représentation de la troupe qu'Olivier Douzou proposa un scénario.
C'est l'histoire d'un improbable M. Starter, doux rêveur qui se heurte à un monde trop cruel. Ce personnage quasi lunaire, est incarné par Philippe Segonds. Celui-ci réussit un pari qui n'était pas gagné d'avance de passer d'un art essentiellement solitaire, le numéro de cirque, à une chorégraphie de groupe. Autour de son personnage, s'animent avec beaucoup d'humour et d'invention les utopies et les chimères personnalisées par les jeunes danseuses. Cette allégorie sur la liberté qui se conquiert peu à peu se traduit « par une progression subtile, tant dans les couleurs des costumes qui progressent tout au long du spectacle pour tendre vers l'épuré d'un costume noir », comme le précise Pascale Trébosc, la costumière, qui a réellement fait des prodiges. Toute l'intelligence des différents tableaux est de nous amener progressivement à nous interroger sur une question centrale: l'art est-il aussi indispensable et vital aux êtres humains pour vivre et avancer que ce qu'ils trouvent dans leurs réfrigérateurs (d'où le titre)? Ce passage du mouvement saccadé des automates vers la spontanéité est rendu par une chorégraphie très ingénieuse.
On sort de ce spectacle protéiforme convaincu de la justesse du propos et la tête pleine d'images fortes et riches d'émotions. Et on se plaît à rêver de ce monde à construire où il ne serait plus utopique de mener de pair ce combat ultime pour réconcilier deux exigences indispensables: celle du plaisir et de la nécessité. Ce spectacle ambitieux est une réussite.
A la MJC de Rodez, jeudi 21 et vendredi 22 décembre, à 20 h 45.
J. J.
Publié le 20 décembre 2000 à 00h00
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